La grève des travailleurs sociaux

La relation d'aide ou de soin dans l'accompagnement
La relation d’aide ou de soin dans l’accompagnement
25 janvier 2021

La grève des travailleurs sociaux

La grève des travailleurs sociaux

Sommaire

La grève des travailleurs sociaux : une grève tellement légitime.

La grève des travailleurs sociaux

Avant de parler de la grève des travailleurs sociaux, il semble important de poser le contexte. Le ministre s’est appuyé sur le rapport remis par Nicole Notat*, animatrice du Ségur de la santé, pour retenir des mesures et des orientations fortes afin de poursuivre la modernisation du système de santé en France et d’améliorer le quotidien des soignants ainsi que la prise en charge des patients.

Il s’agit d’une superbe avancée pour le monde de la santé. Mais ce ségur de la santé pose finalement question sur tous les autres professionnels qui eux ont été oubliés.

La grève des travailleurs sociaux : les oubliés du Ségur de la santé

« Les accords du Ségur de la santé : des accords historiques pour reconnaître l’engagement de ceux qui nous soignent ». Ainsi a-t-on pu lire un peu partout que ces accords sont historiques. C’est certainement à ce jour, en terme d’accord c’est vrai que cette considération salariale est une avancée remarquable dans le monde de la santé.

Les principales conclusions du Ségur de la santé, ont été (il y en a 33 en tout) :

Tout d’abord les points financiers :

  • 19 milliards d’euros d’investissement pour améliorer la prise en charge des patients et le quotidien des soignants.
  • 8,2 milliards d’euros par an :
    1. pour revaloriser les métiers des établissements de santé et des EHPAD,
    2. pour reconnaître l’engagement des soignants au service de la santé des Français.

Deuxièmement en terme de recrutement :

  • 15 000 recrutements à l’hôpital public.

Enfin d’autres points sur la considération de la santé :

  • Accélérer la sortie du « tout T2A » (tarification à l’acte) et privilégier la qualité des soins.
  • Financer l’ouverture ou la réouverture de 4000 lits « à la demande ».
  • Mettre fin au mercenariat de l’intérim médical à l’hôpital public.
  • Redonner toute sa place au service hospitalier au sein des établissements de santé.
  • Former plus de soignants dans les filières paramédicales pour mieux prendre en charge les patients.
  • Faciliter l’accès aux soins non-programmés et à l’exercice coordonné.
  • Développer fortement la télésanté en s’appuyant sur les acquis de la crise pour mieux soigner les Français.
  • Donner aux territoires les principaux leviers de l’investissement en santé dans l’intérêt de leurs habitants.
  • Combattre les inégalités de santé.

Cependant si les soignants ont vu leur salaire un peu revalorisé, il n’en a rien été pour tout le reste du monde médico-social. C’est ce que reprochent de l’ensemble des travailleurs sociaux, qui se sentent lésés. Pour une fois ils se sont manifestés en faisant une grève après une autre. Ils ont rencontré du succès tant auprès des directions que des publics qui les accompagnent, que des médias spécialisés.

La grève des travailleurs sociaux : les oubliés des médias nationaux.

Ces grèves bien que très légitimes, et très soutenues par tous les professionnels, les directions des établissements et services, n’arrivent pas à être retenues par les médias nationaux. Cela donne cette impression  qu’ils ne se sentent pas concernés, et c’est une injustice pour toutes ces personnes, qui gagnent un salaire de misère et ne sont pas augmentées depuis des années et des années. Pour preuve, près d’un mois après ces grèves plus aucun média n’en fait échos dans les journaux nationaux.

Partout en France, les journaux titraient sur le sujet en première page, mais sans pratiquement aucune suite les jours suivants :

Personne ne semble prendre conscience que si :

« Les travailleurs Sociaux s’arrêtent, le pays s’arrêtera aussi », le travail Social est en grève Nationale.

Voici quelques titres dans les médias :

  • Ouest-France, à Rennes les salariés de l’Adepei, ne désarment pas et ils ont battu le pavé avec plus de 2000 collègues du secteur sanitaire et social « oubliés » du Ségur de la Santé.
  • Info-Dijon, Directement impactés par les départs massifs des professionnels qui quittent le secteur pour des emplois mieux rémunérés, les acteurs souhaitent une fois de plus alerter sur les risques de dégradations des personnes vulnérables.
  • France Bleue Grenoble, 1.000 travailleurs sociaux, manifestent, pour rappeler les « oubliés du Ségur de la Santé, et ils demandent plus de moyens humains et financiers pour leurs professions.
  • Ouest France, Laval Nous sommes les grands oubliés de la crise sanitaire
  • Charente Maritime, Les Directeurs d’Epad, alertent le gouvernement sur les paiements promis aux salariés de leur établissement, et ils estiment que les salariés du secteur médico-social ont été oubliés.
  • Handicap.fr « Métier formidable, salaire fort minable » : des milliers de salariés au service d’enfants en danger ou de personnes handicapées ont défilé le 7 décembre 2021 pour demander des revalorisations salariales et de meilleures conditions de travail.
  • La gazette des communes, lance un appel aux départements pour tous les secteurs exclus ou oubliés du Ségur de la Santé.

Toutefois nous pouvons remarquer que les médias nationaux ne se sont pas réellement emparé de cette grève.

La grève des travailleurs sociaux : une unité syndicale : 

  • 8.000 travailleurs sociaux, marchent main dans la main dans les rues de Paris, agrégeant ainsi les 55.000 personnes constatées dans toute la France.
  • Le travail social représente en France, près d’1,3 millions de salariés, et pour une fois une grande partie des grands syndicats, étaient sur la même ligne, et ont porté cette grève nationale.

Nous manquons d’arguments pour répondre à certaines personnes qui sont Bac+3, et qui se retrouvent gagner 1300 €uros par mois. C’est une injustice de plus, et cela explique leur mal vivre et leur mal être, parce que non seulement ils sont mal payés, mais en plus ils ont des responsabilités énormes.

Une conférence des métiers le 15 janvier 2022

Interrogée sur ce dossier à l’Assemblée nationale, la secrétaire d’État chargée du Handicap, Sophie Cluzel, a rappelé que le gouvernement comptait organiser avant le 15 janvier une « conférence des métiers de l’accompagnement social et médico-social ». « L’État a fait sa part » en revalorisant les salaires des soignants et d’autres catégories professionnelles, et cette conférence – qui associera employeurs, syndicats et conseils départementaux – permettra d’avancer pour que les métiers de l’accompagnement bénéficient d’une « juste reconnaissance », a souligné Mme Cluzel.

Au fond, ce qu’il faut retenir de ce ségur de la santé c’est qu’il a créé autant de biens que d’injustices. Aujourd’hui tous les professionnels qui travaillent dans un même établissement ou service n’ont pas eu de revalorisation salariale. La revalorisation a été en fonction de leur diplôme. Ainsi les aide-soignants ont vu leur salaire augmenter quand les éducateurs n’ont pas eu ce droit.

D’après nos collègues directeurs cela génère des tensions, des conflits dont ils n’avaient absolument pas besoin. Dans les structures il est déjà tellement difficile de recruter des professionnels diplômés. En réalité, cette injustice enfonce le clou et met en péril des services entiers du secteur social et médico-social.

Au delà de cette grève et une mois après celle-ci continuons à parler de leur travail et à les soutenir.

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*Rapport ségur de la santé